Je
les ai tout d'abord regardés de loin, ces gros blés aux grains
ronds et dodus, à l'épi courbé comme une faucille. Florent en est
amoureux, pourquoi pas, mais au début je passais à côté en les
admirant comme on passe près d'une belle fleur juste pour le plaisir
du moment, sans arrière-pensées. Je n'imaginais pas faire du pain
avec ce type de variétés proche des blés durs. Puis vint le test
de panification avec un poulard espagnol le « Jejar de
Valencia ». Dégustation fut faite lors du tour de champs 2009
à Bouchemaine de plusieurs pains dont un avec ce poulard et ce fut
une vraie révélation : le pain était bien sûr plus plat et un peu
plus dense qu'avec les blés tendres, mais le goût, les arômes
faisaient une vraie différence. La mie était très jaune. Un vrai
potentiel existait finalement ! J'envisageais de mettre un quart de
poulard dans le pain pour y apporter ses arômes... mais aussi ses
qualités nutritionnelles non négligeables. Historiquement, les
poulards avaient aussi été cultivés au 19ème siècle en Auvergne
et en Anjou pour en faire des pâtes et des biscuits, l'idée fit
donc son chemin, avec les premiers tests de poulards en pâtes en
2010 avec le Poulard d'Auvergne, la Nonette de Lausanne et le Jejar
de Valencia, une belle réussite confirmée par de récents essais
avec des Poulards italien, espagnol et chinois. Des goûts et des
arômes que seuls des amidonniers ou engrains peuvent concurrencer.
Seul bémol pour cette valorisation pastière des poulards, éviter
des années humides comme 2007 qui rendront le grain trop tendre, et
sélectionner dans cette belle biodiversité « poularde »
des variétés aux grains durs et vitreux qui donneront plus de
semoule que de farine pour une bonne tenue des pâtes à la cuisson.
Il faudra aussi bien maîtriser la mouture pour obtenir une belle
semoule ou au moins un bon intermédiaire entre semoule et farine....
un renouveau des blés poulards à l'horizon ?!
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